Le robot Philae manque d’énergie. Un forage a commencé mais ses résultats ne seront peut être jamais transmis. Le robot devait s’éteindre vers minuit vendredi et entrer en hibernation.
Un robot épuisé ! Le robot Philae devrait « s’éteindre » vers minuit faute d’énergie, a indiqué ce vendredi soir Philippe Gaudon, chef du projet Rosetta au CNES (Centre national d’études spatiales) à Toulouse. Philae fonctionne avec une pile d’une durée de vie de 60 heures et ses batteries solaires, qui devaient prendre le relais, ne fonctionnent qu’à capacité très réduite car le robot s’est posé à l’ombre, entre des rochers. A minuit, Philae entrera en hibernation sans qu’on sâche s’il pourrait être réactivié.
Des batteries déchargées
Mais les résultats « sont extraordinaires », a souligné Marc Pircher, directeur du CNES à Toulouse. « 80% du travail du robot a été fait », a-t-il assuré. Tous les scientifiques de l’Agence spatiale européenne (Esa) ont travaillé jour et nuit pour récolter le plus d’informations possibles avant que la batterie ne tombe à plat. Ils ont même lancé l’opération de forage qui n’était pas prévue au départ. L’action de forer a été enclenchée mais les scientifiques ne savent pas encore si un échantillon a pu être prélevé car le signal avec le robot s’est interrompu au cours de cette opération. Plus tôt, l’équipe déclarait « nous sommes hésitants pour le moment à entreprendre ces forages […] c’est dangereux parce que nous risquons de déséquilibrer l’atterrisseur. » Pourtant, il est très peu probable que le robot puisse transmettre ses informations à cause des batteries déchargées.
Sur deux de ses trois pieds, quasiment à la verticale, Philae est bloqué contre une paroi très peu ensoleillée. Huit des dix instruments embarqués fonctionnent normalement et des informations ont déjà été collectées. Mais bloqué à l’ombre de la paroi, les panneaux solaires ne peuvent pas capter la lumière et recharger les batteries.
Collecter le maximum d’informations avant l’extinction des batteries
Le robot laboratoire a également tenté de radiographier l’intérieur de la comète pour voir de quoi son cœur est constitué. Il a étudié son magnétisme, photographié la surface du sol et analysé les molécules complexes dégagées par la surface. Une de ses missions phares est de récupérer et d’analyser les molécules organiques du noyau de la comète qui ont pu jouer un rôle dans l’apparition de la vie sur terre, les comètes étant les objets les plus primitifs du système solaire. Il y a des millions d’années, la terre a en effet été bombardée par des comètes.
Il était prévu que Philae fonctionne jusqu’en mars mais avec son hibernation, Philae ne devrait se réveiller que dans « quelques mois ». Si l’on sait déjà que Philae sera détruit lorsque la comète approchera le soleil, la mission Rosetta est loin d’être finie. La sonde, qui a déjà parcouru 6,5 milliards de km dans l’espace, poursuivra son escorte de « Tchouri » au moins jusqu’au 13 août. C’est à cette date que la comète passera au plus près du soleil. L’atterrissage sur une comète est une première dans l’histoire de l’exploration spatiale, point d’orgue d’une aventure entamée il y a 20 ans, qui a coûté 1,3 milliard d’euros.