Le sarcophage de confinement à Tchernobyl a été installé

La gigantesque arche dont la construction avait commencé en 2012 a été achevée et déplacée au dessus du réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, dévastée par un accident en 1986.

La gigantesque arche protectrice destinée à recouvrir la centrale nucléaire dévastée de Tchernobyl avait commencé sa lente reptation vers sa destination finale : 327 mètres plus loin. Une distance que la colossale structure métallique de 25.000 tonnes (36.000 tonnes avec les divers équipements prévus), de 108 mètres de haut et de 162 mètres de long a parcourue sur des rails, poussée par de puissants vérins.

C’est donc en grande pompe que l’Ukraine inaugure l’aboutissement de ce projet hors normes de deux milliards d’euros financé par la communauté internationale et qui doit assurer la sécurité du site pour les 100 ans à venir. La cérémonie a commencé à 11h (heure de Paris).

Confiner les matières radioactives

D’une durée de vie d’au moins 100 ans, selon les constructeurs, elle doit permettre de confiner les matières radioactives et le sarcophage existant. De plus, la cloche de confinement dispose d’équipements qui vont permettre de procéder aux opérations futures de démantèlement du réacteur numéro 4. En effet, du fait de la radioactivité au dessus du réacteur accidenté, il était impossible de construire l’arche directement au dessus. Le chantier de la superstructure en acier a donc été lancé à côté de celle-ci, à l’ouest de la centrale et au niveau du sol car, sur le site, la radioactivité augmente avec la hauteur

Le 26 avril 1986, à 01H23, ce réacteur explosait au cours d’un test de sûreté. Pendant dix jours, le combustible nucléaire a brûlé, rejetant dans l’atmosphère des éléments radioactifs qui ont contaminé, selon certaines estimations, jusqu’aux trois quarts de l’Europe, mais surtout la Russie, l’Ukraine, le Bélarus, alors républiques soviétiques.

En 206 jours, un « sarcophage », d’une ossature métallique de 7.300 tonnes et composé de 400.000 mètres cubes de béton, a été construit par 90.000 personnes dans des conditions très difficiles, afin d’isoler le réacteur accidenté, raconte à l’AFP Anna Korolevska, directrice adjointe du musée de Tchernobyl à Kiev. « Cela a été fait grâce aux efforts surhumains de milliers de gens ordinaires », déclare-t-elle. « Quels étaient leurs moyens de protection ? Ils travaillaient dans des tenues ordinaires d’ouvriers de construction ! », rappelle Mme Korolevska.

Un sarcophage construit dans la hâte

En quatre ans, quelque 600.000 Soviétiques, connus depuis sous le nom de « liquidateurs », ont été dépêchés sur les lieux de l’accident pour éteindre l’incendie, construire la chape de béton afin d’isoler le réacteur accidenté et nettoyer les territoires aux alentours. Aujourd’hui, le bilan humain de la catastrophe fait toujours débat. Le comité scientifique de l’ONU (Unscear) ne reconnaît officiellement qu’une trentaine de morts chez les opérateurs et pompiers tués par des radiations aiguës juste après l’explosion, mais selon certaines estimations le bilan se chiffre en milliers de morts.

Si la durée de vie de ce premier sarcophage construit à la hâte avait initialement été prévue pour 20 à 30 ans, elle s’est finalement avérée beaucoup plus courte. Dès 1999, il a fallu mener de premiers travaux de renforcement du sarcophage, puis à nouveau en 2001, 2005 et 2006. « C’est une construction potentiellement dangereuse, qui représente une menace pour l’environnement et pour la population », déclare à l’AFP Sergui Paskevitch, de l’Institut des problèmes de sécurité des centrales nucléaires de l’Académie des sciences d’Ukraine. Il a précisé par exemple qu’un tremblement de terre pourrait accélérer l’effondrement de la structure.

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